Chapitre B7: En guise de conclusions
- spécifications pour la synthèse d’un instrument virtuel-
Je résume dans ce chapitre les idées extraites des expériences racontées dans cette partie B que le lecteur a pu trouver trop longue. Sans doute je n’ai pas accompli une recherche de développement pur mais une investigation microscopique du phénomène de design des démonstrations. On aura reconnu mon intérêt pour les relations entre la " la statique de la démonstration " (formes et structures), sa "cinématique " (lecture, émission et communication), sa "dynamique " (décisions et négociation) et son économie (instruments de facilitation). Ma vision m’amène à la conclusion suivante: au lieu d’impliquer l’ordinateur dans l’ingénierie sémantique, j’opte pour l’étude de la combinaison (ou de l’agencement) des systèmes de communication ayant un potentiel explicatif et des systèmes d'acteurs humains qui en sont les utilisateurs possibles.
Par " système de communication ayant un potentiel explicatif "je prévois un instrument complexe qui nous permettrait :
- de combiner la communication synchrone et la communication asynchrone et de faciliter la négociation et la synchronisation entre les partenaires;
- d’agencer l’assistance locale et à distance;
- de mixer l’assistance humaine directe et par guide (mentor) artificiel et ainsi d'optimiser la gestion globale de l’intelligence;
- de combiner diverses modalités de présentation de messages;
- de combiner l’explication sérielle (discursive) et l’explication parallèle (structurante) en vue de gérer les faisceaux discursifs;
- d’apprendre les procédures en même temps que les connaissances déclaratives et les stratégies heuristiques utilisées;
- de modifier dynamiquement le comportement des systèmes, pour répondre aux changements (métamorphoses) des postures des acteurs;
- d’encourager la motivation en favorisant une évaluation raffinée et rapide;
- d’intégrer intimement les phases de composition et d’utilisation;
- d’équilibrer les besoins de reproductibilité et de spécificité;
- et de réduire les coûts du processus explicatif.
Il convient de savoir qui établit les descriptions opérationnelles qui servent de critères aux fabricants lorsqu’ils produiront des instruments de composition pouvant servir aux auteurs d’explications pour réaliser les performances mentionnées plus haut... Pour produire de tels instruments, les informaticiens ont besoin de spécifications minutieuses, adaptées à leurs outils de travail. On ne peut y arriver que par un dialogue pluridisciplinaire, grâce à des équipes mixtes. Un protocole de fonctionnement s’impose ainsi qu’un langage de communication pour la coordination. Les experts de sujets (matières) à expliquer et les pédagogues définissent les nécessités sémantiques, mais négligent parfois des aspects qui tiennent intimement à la logistique de la communication. Les experts en communication , proposent des processus qui ne sont pas toujours en accord avec le potentiel technologique. Les ingénieurs mettent en valeur des instruments et des techniques qu’ils connaissent mieux, plutôt que de chercher une synthèse instrumentale qui soutienne la meilleure physiologie pour expliquer une sémantique! Si mon récit microscopique a illustré la difficulté de synchronisation entre les différents experts qui cohabitaient dans ma personne… que dire des partenaires qui habitent chacun dans un univers cognitif propre et spécialisé?
Je terminerai ce récit de développement par un discours (ou monologue) interdisciplinaire. Je décrirai plus bas dans un langage assez hétéroclite les spécifications d’un instrument virtuel, qui s’inscrirait dans la tradition du livre, des cahiers, du tableau noir, des rétroprojecteurs, du cinéma, de la télévision... et que je n’ai pas encore réussi de produire. J’ai appelé cet objet imaginaire NOVEX, en pensant au couple novice- expert auquel je le destine. En ce faisant, je pense aussi à des types nouveaux d’explication qu’il rendrait possible et à la technologie du "network operating virtual explanation " qui nous plonge en science fiction. Je garde l’espoir que les ambitions parfois contradictoires que le NOVEX devrait concilier seront ...non- vexantes pour le lecteur !
Principes de comportement des NOVEX
Les caractéristiques générales ( la coopération explicative).
Deux ordinateurs, placés à distance mais liés par télé- communication, sont équipés pour permettre des séances de coopération explicative entre un expert et un novice.
Le système supporte plusieurs types d’assistance: la division du travail et l’échange d’expérience, l’intervention ponctuelle d’aide, l’instruction complète avec diverses méthodologies, la consultation d’une démonstration composée au préalable et l’exploration guidée d’une structure d’informations.
Le sujet de l’explication peut être varié : un système (processus) matériel englobé ou pouvant être simulé dans l’ordinateur, un système (processus) conceptuel exprimable (modélisable, descriptible ) avec l’ordinateur, une procédure qui demande à l’opérateur d’agir sur des objets pouvant être simulés en utilisant des connaissances qu’on peut représenter.
À l’aide du système de coordination entre les deux pôles de l’application partagée à distance, le novice peut suivre et explorer l’activité de l’expert. Il apprend à concevoir, à communiquer et à agir en guettant ou en dialoguant avec l’expert en symbiose d’apprentissage pour entrer progressivement "dans sa peau" (le pas de deux mentionné auparavant).
La couche télé- informatique résout tous les problèmes techniques : les retards, les restrictions de débit, la différence de plate-forme ou de contextes, etc.
1. L’immersion extérieure- intérieure réciproque
Les opérations extérieures (les manœuvres sur les interfaces) que l’expert exécute normalement, peuvent être démontrées au novice dans une fenêtre de télé- réplication passive (affichage du film des actions de l’autre) ou active (action commune sur l’application partagée).
Les opérations intérieures (l’observation, la concentration, le raisonnement, la consultation de la mémoire, la mémorisation et la décision ) peuvent être explicitées par des messages placés sur des pistes auxiliaires ou sur un "filtre de glace " superposé sur la fenêtre de l’action.
Si l’expert le considère opportun, il cherchera dans ses actions et ses messages la fidélité c’est-à-dire à refléter le plus exactement son activité normale. Il peut aussi s’éloigner volontairement de sa façon habituelle de faire pour chercher l’expressivité pédagogique c’est-à-dire adapter son discours à la position évolutive du récepteur des explications (le novice, l'apprenant).
Pour que l’expert adapte l’explication, il doit pouvoir observer le plus correctement possible l’aventure de son partenaire en train d’agir et de comprendre. Il doit donc percevoir les gestes et les raisonnements explicites du novice. Le système doit être symétrique pour permettre une immersion réciproque.
2. Les modalités, les fenêtres, la perception réciproque ("awareness ")
Les messages peuvent être composés avec les modalités et les techniques les plus appropriées: le texte lisible - introduit au clavier ou avec scanner et dispositif de reconnaissance de l’écriture ou encore avec microphone et dispositif de reconnaissance de la parole, le message oral - dictée ou obtenu automatiquement d'un texte écrit , les graphiques dessinés en ligne ou préparés, le film - préparé ou produit en- ligne par une caméra vidéo etc..
Le présentateur peut placer les messages sur chaque piste (fenêtre) du faisceau discursif qui compose la démonstration. Il peut contrôler facilement la répartition des fenêtres ouvertes à un certain moment (fermer, ouvrir, agrandir, changer la position ou la destination sémantique).
Les changements de pistes sont répliqués fidèlement et sans retard ou sont filtrés conformément à un certain protocole vers l’autre côté du tandem.
L’interface assure une bonne perception de l’activité de l’autre ("awareness"). Le présentateur peut indiquer au partenaire les endroits où il doit se concentrer pour percevoir un message ou une action. Il peut signaler un point, encercler une zone, tourner l’attention vers une piste, faire des annotations superposées ou latérales – comme le ferait un démonstrateur présent physiquement près de son élève.
3. La composition préalable et en ligne
Au cas où un acte de composition en ligne (au moment de la présentation) serait incommodant, l’expert ou le novice qui s’expliquent peuvent préparer préalablement des modules, des parties démonstratifs en utilisant les fonctions de composition de leur environnement.
Ces objets démonstratifs peuvent être simples tels qu’un message exposé à un certain moment ou complexes tels que des tronçons ou des pistes complètes. Par exemple, l’expert peut enregistrer ses actions sur la piste de l’application démontrée, pour la compléter avec des commentaires pendant la démonstration. Ou, il peut enregistrer le gros des commentaires dans une deuxième étape de composition, en ajoutant pendant la présentation les informations réclamées ad hoc par le public. L’environnement permet la combinaison facile de la composition préalable et en ligne.
4. La communication asynchrone et l’exploration du discours.
L’auteur peut composer une démonstration intégralement et la livrer au novice pour une exploration ultérieure. Tenant compte du fait qu’il sera absent pendant la lecture, il peut prévoir des outils pour faciliter la navigation dans son discours. Le novice avance dans la démonstration par plusieurs mécanismes, commençant avec les banales " play ", " next " " back " et " go to " et terminant avec des gestes posés dans la fenêtre de l’application qui produisent, à part les effets normaux, des réactions explicatives préparées explicitement par l’auteur. Dans le mode asynchrone, le novice perçoit et interprète le message au rythme qui lui convient, revient sur ses pas, découvre, exerce, apprend et s’évalue sans faire appel à l’expert.
5. La décomposition- recomposition guidée
Quand le sujet de la démonstration est une chaîne d’opérations, la décomposition du discours en étapes se fait naturellement. Pour présenter un système complexe de concepts, d’objets ou de procédures, l’explication par discours global linéaire est remplacée par une décomposition parallèle en cellules de petits discours. La structure discursive peut être isomorphe à la structure du sujet (une image explicative fidèle) ou différente (une réflexion créative).
Le novice peut analyser la structure explicative avec des instruments qui lui permettent de percevoir simultanément les détails de chaque partie et sa position dans l’ensemble. Des pistes spéciales contiennent la carte (le modèle, l’image, la métaphore) du système à comprendre ou du système des explications. Une animation illustre le progrès dans la couverture ou le traitement du sujet. Le novice peut aussi noter ses progrès dans la compréhension sur les "cartes d’exploration". Les annotations explicitant la position du novice, peuvent être utilisées par l’expert pour intervenir opportunément. Si les cartes d’orientation dans la structure de l’explication ne sont pas suffisantes, l’expert peut concevoir des tours guidés, en combinant la sérialité discursive et le parallélisme structurant. Il peut offrir une assistance directe.
6. Les espaces informationnels et l’exploration
Les démonstrations par structure analysable ne sont pas utilisées seulement pour refléter un système complexe existant, mais aussi pour organiser (structurer, hiérarchiser) un ensemble d’observations (bases de données, classifications, collections, etc.). Dans ce cas, le système de messages sera organisé pour simplifier la recherche d’une information (arborescence navigable, structure relationnelle, etc.). Pour l’exploration efficace des univers notionnels, on peut aussi recourir à des métaphores visuelles, à des tours guidés ou à des séances coopératives d’orientation (références).
7. La pluralité d’alternatives et l’adaptation
L’expert dispose de moyens pour préparer des alternatives de lecture ou de présentation de la démonstration. Il peut concevoir des versions équivalentes sémantiquement mais différentes comme forme pour choisir, suggérer ou laisser le choix de celles qui correspondent le mieux dans un contexte spécifique. Il peut mettre au point des pistes alternatives pour la démonstration, organiser des incursions collatérales, préparer des pistes supplémentaires, traiter le sujet de façon différente, stratifier la démonstration sur plusieurs niveaux de profondeur, etc.
Le novice a la liberté de choix dans l’espace des alternatives qu'on lui a préparées. On lui garantit la cohérence de la démonstration s’il respecte les consignes de l’auteur et utilise les instruments d’orientation. L’adaptation du parcours est faite grâce à des formules variées de coopération entre les acteurs, combinant les réglages manuels, automatiques ou négociées. L’espace de libertés offertes au novice doit être justifié et équilibré. Le risque d’égarement et l’effort pour retrouver la logique du discours doivent être réduits. Quand le discours est pluri-piste, le novice peut fermer certaines fenêtres s’il dispose des indications de l’auteur concernant les effets d’une telle décision sur la cohérence de la démonstration.
8. L’intervention de l’élève et les traînés du parcours
Le novice explorateur peut faire des actions et des annotations. Ces observations sont placées dans une piste dédiée, séparée du contexte auquel elles se réfèrent avec des renvois textuels ou hypertextuels, ou sont liées à ce contexte par un mécanisme d’encrage manuel ou automatique.
Le parcours du novice peut être enregistré. Ses annotations peuvent compléter la traînée enregistrée. Cette situation étant symétrique à celle qui permet à l’expert de composer par couches sa démonstration, le novice peut faire appel à des stratégies et des instruments de composition similaires. La traînée (commentée) du novice peut être utilisée pour l’évaluation, pour l’orientation de conseils rétroactifs, pour faciliter l’intervention d’un expert appelé en secours, pour le perfectionnement ultérieur de la démonstration ou pour offrir aux utilisateurs un univers enrichi par les observations de leurs prédécesseurs
9. Les fenêtres partagées et corrélées
Le novice peut agir sur la même cible que l’expert, selon un certain protocole de contrôle, ou peut utiliser une fenêtre distincte pour reproduire ce qu’il voit dans la fenêtre contrôlée par son professeur. Dans le cas de deux fenêtres analogues, le système permet à chacun d’observer les actions du partenaire, pour les comparer avec les siennes. Il offre aussi des outils de synchronisation et d’annotation transversale entre les deux séances de travail. Une autre alternative est l’utilisation d’une troisième piste pour l’action partagée.
10. Les modes de dialogue; le mixage synchrone- asynchrone
Les activités de composition, d’utilisation et de dialogue peuvent se combiner dynamiquement de plusieurs façons. La lecture et la composition peuvent alterner de manière asynchrone. La présentation synchrone (activité commune) peut alterner avec des phases de travail mono- latéral (composition ou lecture) ou d’activité parallèle et divergente (chacun fait autre chose). La formule évolutive de collaboration entre le synchrone et l’asynchrone permet la meilleure gestion du temps pour le couple collaboratif, profitant de la large gamme des choix et de la flexibilité du système.
Prenons un exemple pour mettre en évidence la variété des comportements possibles. L’expert- auteur peut maintenir une certaine avance sur le novice en allant un peu en avant pour préparer la démonstration. Le système garantit à un bout la composition et à l’autre la lecture, simultanément, sans collisions et erreurs. Quand le novice "rattrape l’expert", la leçon peut devenir synchrone. Sinon, l’expert peut recommander une activité auxiliaire ou une pause pour avoir le temps de préparer le reste de la démonstration. L’expert peut aussi revenir en arrière pour aider le novice. Il peut même modifier la démonstration déjà composée, influencé par les réactions du novice, en prenant des mesures pour éviter l’incohérence .
Cette plasticité peut être une complication futile et difficile à gérer dans le cas d’un rapport novice- expert simple mais elle devient intéressante dans un réseau de services explicatifs distribués, quand un seul expert doit servir un groupe de novices. Il pourra profiter de la flexibilité de l’environnement pour combiner les avantages de l’assistance asynchrone et synchrone dans une dosage établi ad hoc.
11. Les protocoles flexibles pour le contrôle de la décision ("floor control ")
J’ai décrit jusqu’ici un dispositif "à deux panneaux de contrôle " qui permettent le partage des actions, des annotations, de la mémorisation des traces etc. Les deux acteurs peuvent intervenir de manière alternative ou simultanée sur des objets différents ou partagés. Cela pose le problème du "floor control ". L’environnement doit assurer la distribution des droits d’action en conformité avec le protocole valable dans un moment précis. À titre d’exemples: expert actif et novice passif, novice actif mais sous le contrôle du maître, les deux ont accès aux commandes sur le principe "premier venu, premier servi ", le contrôle passe de l’un à l’autre sur le principe "du jeton " etc.).
Le protocole peut être changé en cours de route par négociation flexible et facile. Ce changement dans un point est automatiquement appliqué dans le reste de la démonstration pour conserver la consistance du travail à double commande. Le panneau de négociation (gestion des interventions) pendant la coopération doit prévoir des leviers de modification du protocole courant, conformément aux règles d’un méta- protocole.
12. L’ordinateur comme moniteur (monitor)
Le comportement décrit jusqu’à ce point réduit l’ordinateur à un rôle de support, laissant aux deux acteurs humains la tâche de déterminer la démonstration. Les décisions sont prises par les protagonistes intelligents (auteur, élève, présentateur) qui utilisent l’ordinateur pour leur communication directe ou retardée, discursive ou gestuelle.
Progressivement, on réalisera l’émancipation de l’instrument, utilisant les résultats de l’intelligence artificielle. La couche technique (les ordinateurs interconnectés) aura un mandat d’observation et d’intervention de plus en plus complexe. L’ordinateur-réseau guettera les manœuvres des acteurs humains pour améliorer sa prestation en complétant les règles explicites ou implicites (inférées) d’intervention avec lesquelles il a été équipé. Il appliquera son savoir-faire quant il restera le seul support du novice, en résolvant une partie des problèmes apparus pendant la lecture, comme l’aurait fait un moniteur humain mandaté par l’expert.
L’ordinateur saura reconnaître les limites de son mandat et pourra coopérer avec les autres agents, humains ou artificiels qui l’aideront à faire face aux situations difficiles ou imprévues.
13. Le fonctionnement en triangle.
Si par l’intervention d’un moniteur artificiel ou humain, la distribution triangulaire de l’initiative (novice, expert, moniteur) devient nécessaire, des nouvelles formules de distribution et de négociation des gestes et des décisions entrent en jeu. Elles permettent une coopération en triangle avantageuse et ergonomique. Par exemple le moniteur assiste le novice jusqu’au point où celui-ci sollicite l’intervention de l’expert. Ou bien, l’expert qui surveille l’activité du moniteur, intervient dans la leçon ou change la structure du programme. Ou encore, le moniteur demande l’aide de l’expert, en saisissant que la situation le dépasse.
Le partage triangulaire, surtout dans l’alternative de l’activité parallèle des acteurs, suppose l’organisation correspondante de la gestion des fenêtres, de la perception réciproque et du "floor control". Toutes ces formules de coopération et leur combinaison cohérente seront gérées avec des instruments spéciaux pour le fonctionnement en triple commande, que l’environnement de composition mettra à la disposition des acteurs
14. La facilité et l’apprentissage de l’utilisation
L’élève et l’auteur de la démonstration (et éventuellement le moniteur) font les opérations signalées plus haut, de la manière la plus simple et naturelle possible. Ils disposeront des instruments de composition (édition, communication) en-ligne et hors-ligne spécialisés, efficaces, faciles à comprendre et à manœuvrer. Ces outils sont suffisamment stables et universels pour motiver les bénéficiaires d’investir en expérience d’utilisation.
Ils auront aussi à leur disposition des outils divers pour apprendre le mode d’utilisation de l’environnement mixte de démonstration. Le concepteur des NOVEX composera surtout des leçons d’utilisation réalisées avec NOVEX pour mettre en évidence les techniques qu’il supporte (composition- lecture, coopération, triple commende etc.). Cette application récursive fera service de calibrage pour le fabricant. L’expert qui apprendra à composer débutera ainsi en position d’élève et parcourra la spirale vers l’expertise avec NOVEX, ce qui l’aidera à comprendre la position de ses futurs élèves.
15. La " réutilisabilité ", le contrôle par "fenêtre de glace ", la " portabilité "
L’auteur d’une démonstration multi-commandée peut traiter à la longue un sujet spécifique, réutiliser certaines parties, refaire la démonstration avec d’autres élèves et d’autres conditions, opérer facilement des mises à jour, des corrections et des développements. L’instrument peut aussi être utilisé pour réaliser une classe de démonstrations semblables, avec des gains de productivité apportés par la réutilisation des méthodes et des objets déjà composés.
Enfin, si un NOVEX doit être utilisé pour le traitement explicatif d’une gamme très large d’applications, on ne doit plus injecter la logique démonstrative à l’intérieur des applications démontrées. Une meilleure " reproductibilité " de composition est obtenue avec une "fenêtre de glace ", superposée sur la fenêtre de l’application. Une telle " carcasse démonstrative universelle " contrôle et synchronise à distance deux applications identiques , en interceptant, en interprétant, en filtrant, en adaptant et en redirigeant les gestes faits sur les interfaces.
Ce type de fonctionnement sera facilité par de nouveaux systèmes d’opération des ordinateurs qui introduisent entre les dispositifs d’entrée- sortie et les applications qui les utilisent un module supplémentaire programmable. Le perfectionnement technologique permet aussi de dépasser tous les problèmes causés par les différences de contexte entre les deux ordinateurs couplés assurant la " portabilité " de la démonstration.
16. L’efficacité et la flexibilité de la fabrication
La réduction de l’utilisation à un seul sujet ou à une classe de sujets permet l’élimination de fonctions inutiles et le raffinement des plus utilisées. Ce paramétrage peut se faire par le constructeur, à commande, en produisant des NOVEX dédiés, avec une modification du prix en conséquence. Les NOVEX adaptables permettent l’établissement de la formule de fonctionnement par le client, pendant ou après l’installation. Une autre façon de particulariser se base sur la coopération client–fabricant dans la définition des spécifications.
La production des NOVEX avec plusieurs variantes structurelles, suppose une construction modulaire, une architecture évolutive et une méthodologie claire d’estimation du rapport prix- performance.
La réduction du coût est la préoccupation majeure du fabricant qui offre des solutions consistantes pour tous les budgets. Le critère principal d’évaluation de la valeur de l’outil est lié à l’économie d’énergie (temps) que les utilisateurs (auteur, présentateur, élèves) réalisent en s’en servant, par rapport aux autres moyens qu'ils ont pour parvenir aux mêmes résultats.
17. Les systèmes multi-acteurs
Les NOVEX peuvent être utilisés dans le contexte des systèmes avec plusieurs acteurs (novices, experts, monitors). Dans des tels cas, l’instrument permet la conduite alternative ou simultanée du "taxi démonstratif " en partageant le volant de l’expert ou du novice. Plusieurs experts peuvent coopérer simultanément ou successivement dans la tâche de l’assistance d’un novice. Plusieurs novices pourront intervenir simultanément ou alternativement dans une démonstration composée ou guidée par un seul expert. Plusieurs experts et novices pourront coopérer pour utiliser les ressources disponibles. Ce genre de fonctionnement complexe se base sur des protocoles de coopération bien mis au point sur le plan technique, ergonomique et organisationnel.
18. La classe virtuelle
Un exemple d’utilisation est le travail dans une "classe virtuelle distribuée". Le professeur soutient plusieurs élèves qui l’appellent s’ils ont des problèmes pendant l’utilisation individuelle des démonstrations déjà composées par le professeur ou un autre auteur. L’accès au professeur et la coopération dans la classe doivent être gérés conformément à une gamme variée de protocoles, choisis initialement (en fonction du contexte) ou changés dynamiquement.
Le professeur peut suivre l’évolution des élèves dans les fenêtres de démonstration individuelles et peut intervenir pour les aider en agissant sur les applications ou en transmettant des messages. Il dispose d’un panneau de contrôle pour recevoir les appels et basculer d’un élève à l’autre. Il peut aussi faire des présentations pour des groupes (genre " broadcast ") , dans une fenêtre partagée (" le tableau noir ") en invitant éventuellement un élève à participer. Il dispose d’un "catalogue" et d’un "aide mémoire" tandis que les élèves ont des "cahiers" pour prendre des notes. En somme, le rituel habituel de la salle de classe (du laboratoire de pratique) peut être respecté.
Il y a aussi une multitude de facilités supplémentaires: le travail actif coopératif avec les applications; la présentation pour une partie de la classe; le travail avec un élève sans déranger les autres; la communication entre les élèves; la mémorisation d’une situation pour la continuer dans une autre séance, l’évaluation par l’analyse de la trace des étudiants, la gestion par plusieurs professeurs, etc.
19. Le centre d’assistance explicative mixte
Un cadre similaire d’utilisation de groupe consiste en une centrale pour l’assistance explicative mixte des employés d’une entreprise ou des membres d’une communauté. L’aide informationnel offert peut combiner la documentation, la recherche et la gestion des informations, l’instruction, le partage d’expérience, permettant la synthèse des activités traitées auparavant par des systèmes distincts.
Les assistants et les assistés ont des droits d’action flexibles, établis en fonction de leurs rôles opérationnels et de leur statut dans l’institution. Les protocoles et les instruments peuvent être adaptés à la politique de la maison et aux nécessités des utilisateurs. Le fonctionnement du système démonstratif a la flexibilité et la richesse décrites aux points précédents (le mixage synchrone–asynchrone, le mixage individuel- groupe etc.).
De plus, la centrale est équipée avec tous les outils de gestion administrative nécessaires: la gestion des comptes, le contrôle de l’accès, de la sécurité et de la confidentialité, les outils de planification, etc.
Une des fonctions les plus intéressantes de la centrale est de permettre à un documentaliste (un bibliothécaire de référence) d’assister les employés dans l’utilisation d’Internet.
20. Le TaxiNet
L’assistance des utilisateurs d’Internet peut être organisée dans divers contextes: une entreprise dont les employés travaillent sur Internet et qui veut épargner leurs efforts d’orientation, un fournisseur d’accès Internet qui veut offrir un meilleur encadrement, un site de services par Internet qui a besoin d’un support pour les utilisateurs, un site WEB spécialisé dans l’assistance (instruction, coopération etc.) offerte par des experts, un site de coopération volontaire dans une communauté virtuelle, un centre de services Internet " à la carte ". Les centres d’assistance dans l’utilisation du réseau d’informations (TaxiNet) peuvent se baser sur les NOVEX et profiter des capacités décrites aux points précédents pour permettre à un groupe d’assistants d’aider un groupe d’assistés. Des méthodes et des modules spécifiques ajoutés aux NOVEX permettent leur exploitation optimale dans les TaxiNet.
Ceux qui sollicitent et ceux qui offrent des services d’explication doivent pouvoir définir leurs besoins (disponibilités) d’une manière unitaire, compréhensible et saisissable par l’autre partie. Le module de mise en relation doit permettre à celui qui a un besoin d’assistance de trouver sur place l’expert approprié, disponible et convenable financièrement. L’annonce de la demande parvient immédiatement aux assistants appropriés, qui réagissent en conséquence. Une autre possibilité est la programmation pour une livraison ultérieure de service. Un mécanisme de mise en relation de type " enchères " est aussi possible, surtout si l’assistance est payée.
21. Les modules auxiliaires et la structure ouverte
Si l’utilisation des NOVEX impose des transactions financières (par exemple dans des NUAC à paiement) des modules appropriés peuvent être ajoutés à sa structure, pour résoudre les problèmes spécifiques : les modules de gestion des comptes, de mise en contact, de paiement et de signature électronique, de cryptage, etc. Cette liste est ouverte. Par exemple, après le service d’assistance, on peut avoir besoin de comptabiliser des preuves que l’assistance a eu lieu, des rapports sur les résultats obtenus, des estimations d’efforts déposés ou des conclusions évaluatives des partenaires.
22.. Quelques perspectives
Les découvertes scientifiques permettront le perfectionnement des mécanismes de facilitation de la résonance entre les deux partenaires et de la gestion d’une coopération de groupe. On pourra peut-être intercepter des réactions intérieures de A pour les transmettre à B, d’une manière utilisable. On pourra peut-être trouver une voie de communication entre les acteurs individuels et l’être distribué que leur couple forme. Le mixage entre les deux acteurs en action descendra plus profondément qu’une rencontre sur l’interface audio- vidéo, permettant à l’organisme novice- expert une aventure bicéphale plus intense. Chacun pourra se dédoubler en vivant l’aventure de l’autre et en même temps conserver sa propre perception des choses. Les deux pourraient aussi regarder par les yeux du système...
Dans une telle alternative imaginaire, il faudrait assurer le droit de chacun d’être exploré par un autre (individu) et de s’imbriquer dans un Autre (couple) seulement quand il le veut! Le NOVEX ne doit pas faciliter le passage de l’amour explicatif et de la communion intellectuelle ... au viol ou à l’engloutissement spirituel."
L'implémentation des instruments comme NOVEX ne pose pas seulement des problèmes conceptuels et techniques. Elle réclame aussi l'utilisation des modèles appropriés pour orienter leur construction. Étant donné la complexité d'un tel système et de son fonctionnement, sa modélisation expressive et opérationnelle est critique. Elle demande une observation attentive et un formalisme descriptif évolué. Je décrirai dans la partie C mon aventure, à la recherche d'un telle description