Ioan Rosca
L'entier et les parties. L'analyse et la synthèse (6)
1. La vision systémique.
La perception de l'unité
systémique qui détermine le comportement d'une structure a influencé
profondément le discours scientifique moderne. La théorie des systèmes en fait
l'étude abstrait. On a établit des principes qui se retrouvent dans toutes les
situations réelles. Un système n'est pas une concaténation des " parties", n'est pas une
juxtaposition. Les éléments qui le composent sont liés par des liens complexes,
par des relations. Le comportement de l'ensemble est le résultat global des
liens existants. A un certain moment le système se trouve dans un état, puis il
évolue à la suite des excitations extérieures ou par développement interne, en
fonction de son état et des conditions externes.
Par exemple , pour un système
technique (mécanique, électrique), une première étape est de formuler "le
système d'équations" qui le gouvernent , d'établir un "modèle"
théoriquement manoeuvrable . Une fois le système d'équations établi, le
problème peut être posé. Il reste maintenant à le résoudre. Pour cela on
dispose d'un éventail de méthodes globales
, qui donnent la solution optimale sans qu'on puisse préciser l'influence
de chaque objet- partie sur cette solution. En réalité , on a montré qu'une
telle séparation est généralement impossible, car ce qui se passe et l'effet de
la combinaison. L'étude de l'oxygène et du hydrogène n'est pas suffisant pour
décrire l'eau...
Il y a encore des gens qui
s'acharnent, à la bonne tradition "linéaire" de résoudre un système
d'équation en découvrant les valeurs des inconnues, par des raisonnements ...une après l'autre ! Le mathématicien sait
qu'en général la solution globale et la seule possible. Le tout détermine sa
propre évolution.
Si on particularise ces
observations générales pour les systèmes d'éducation on se place dans le cas
des systèmes très complexes. Il est très difficile d'établir un modèle
opérationnel . Les éléments qui interviennent sont nombreux , hybrides ,
instables et difficiles à mesurer. Les "lois" (dans le sens des
sciences exactes) ne sont pas disponibles. Les paramètres ambigus. Les
"équations" inconnues. Il est évident que dans des telles
circonstances la méthodologie de l'approche ne peut pas copier celle mathématique.
Pourtant au- delà des difficultés
de contrôle quantitatif , il y a des principes systémiques de nature
qualitative , qui s'applique avec
utilité dans le domaine de l'éducation.
Le fait de saisir que l'apprenant
et l'éducateur (humain ou artificiel) forment un système nous aide à éviter les
réductions (à l'apprenant, à l'éducateur, ou à la paire apprenant- éducateur).
Les deux acteurs ne forment pas une paire, mais un système. A chaque
moment ce qui se passe et le résultat de
la "réaction" entre eux, de la résonance, de la co-action. On ne peut
pas comprendre, estimer ou préparer une "molécule éducative" en
observant seulement les "atomes".
On doit tenir compte du métabolisme global de la "molécule",
pour pouvoir le diriger convenablement.
Aussi on tiendra compte de tous
les autres éléments qui influencent le système (cadre extérieur etc), car
généralement ils sont assez influents.
Dans le présent article, je ne
continuerai pas sur cette voie, quoi que je n'aie pas l'impression qu'elle soit
épuisée par la recherche actuelle. D'ailleurs je l'ai abordée dans les articles
précédantes et j'en reviendrai.
Je prendrai en étude un autre
exemple d'entité systémique : la "molécule de connaissance". Il
s'agira de l'unité systémique curriculaire, de l'unité d'un sujet à apprendre.
2. Les "systèmes de
connaissance"
Considérons le cas d'un apprenant qui doit s'assurer un savoir sur un
certain sujet complexe mais unitaire. Il pourrait s'agir de "comment
conduire un automobile", "comment fonctionne un automobile",
"comment on dépanne un automobile" etc.
La première difficulté qu'on
rencontre quand on essaie de bien définir notre objet systémique c'est son
...ubiquité ! En effet de quel objet on parle :du savoir de l'apprenant, du
savoir de l'éducateur, ou du savoir proprement dit? Et, dans ce dernier cas, de
quelle variante de ce savoir? Et, dans le premier cas comment on y accède ? Il y a une imprécision bénigne à ce sujet, peut être
inévitable, mais qui devrait ne pas dégénérer en confusion.
Une analogie possible est celle
de la perception des couleurs. On sait bien qu'il s'agit d'une impression
relative, et on peut parler de la couleur comme sensation d'un récepteur. Mais
on sait aussi que cette réaction subjective est engendrée par un certain aspect
physique, objectif ,du rayon électromagnétique visible(la distribution
spectrale). On peut parler de "couleur externe" et
"interne"
Ainsi on acceptera une
matérialisation extérieure (par exemple
le contenu du cours à enseigner) et une autre intérieure (les connaissances
acquises par l'apprenant) d'un même sujet.
Les cognitivistes insisteront sur le volet intérieur (le vrai but de
l'éducation). Les béhavioristes sur l'effet perceptible. Les
"didacticistes" sur le côté extérieur, plus contrôlable. Je continue
dans l'hypothèse de la simultanéité de ces dimensions du "sujet".
Le problème est que, intériorisé
ou externe, un sujet complexe à une structure systémique, un métabolisme. Il
forme une unité qui est plus que la somme de ses parties, une
"molécule" qui est plus que le mélange de ses atomes. Le savoir
global n'est pas réductible à une juxtaposition des "briques
d'information" car entre les éléments qui le composent il existe des
relations, des influences, des réactions. Comment peut- on construire une telle
architecture?
Si on tient compte du fait que la
construction doit s'encadrer dans l'espace général du savoir de l'apprenant,
que le sujet qu'on lui présente doit se développer autour de ses connaissances
initiales , en fonction de ses caractéristiques intellectuelles , le problème
se complique encore. Seulement pour pouvoir me concentrer sur le but de cette
analyse (les problèmes liés au rapport entier- parties) je prendrai en
discussion un cas simplifié : l'initiation de quelqu'un dans un sujet complexe,
sur lequel il n'a pas des préalables et pour lequel il a les instruments
intellectuels nécessaires.
Comment l'apprenant bâtit un
nouveau savoir, unitaire et complexe?
Comment arrive-t-il à construire le nouveau système- sujet, du moment
qu'il doit procéder par étapes (tranches), qu'il doit ajouter des éléments,
tandis que l'ensemble et cohérent dans son unité globale. Comment on peut
l'aider ?
3. Le principe de la
modularisation.
Pour palier à la difficulté de
comprendre, manipuler ou construire des systèmes complexes, l'expérience
humaine à exploité à fond le principe de la modularisation.
On décompose le système dans des
sous-systèmes (parties) qu'on analyse séparément. On étudie le
"couplage" (relations, dépendances) entre les sous-systèmes. Dans le
langage de la théorie des ensembles ,on groupe des éléments dans des
sous-ensembles et on remplace l'ensemble des petits éléments par un ensemble
des sous-ensembles. Et ce processus de groupage continues itérativement
,établissant une "hiérarchie" structurelle.
Ce procédé fondamental pour la
manipulation des objets complexes répond à une nécessite et établit d'habitude
un compromis entre l'exactitude et la manoeuvrabilité. Il est d'autant plus
efficace qu'il est naturel. Notre pensée l'utilise foncièrement.
Le succès de la modularisation
dépend de plusieurs facteurs:
- la pertinence - les parties de
la décomposition ont une unité réelle, fonctionnelle, elles ne représentent pas
un groupage arbitraire. (l'organisme est divisé en organes, les organes en
tissus, les tissus en cellules, les cellules en molécules, les molécules en
atomes etc...). Pour un savoir, la pertinence de la décomposition en
sous-savoirs est plus relative mais encore essentielle.
-la séparabilité - les parties
qu'on isole doivent pouvoir être étudiées séparément; si possible , l'influence
du reste doit être négligeable; Sinon (la majorité des cas) l'influence doit
être facilemant estimable est contrôlable. On ne va pas isoler une partie dont
le fonctionnement est influencé par une multitude des mécanismes dans une
multitude des "points de contact" avec le reste. On cherchera une
décomposition plus pratique , dont les parties s'influencent en peu des points.
Dans le cas de la décomposition d'un savoir complexe, les parties devraient être
compréhensibles sans trop de "références croisées", autonome, à la
limite du possible.
-la flexibilité- avec des
modifications raisonnables on doit pouvoir faire face à des petits changements
de l'ensemble. Si par exemple le curriculum évolue, en nous obligeant à
modifier le savoir à apprendre, on a avantage si les modifications peuvent être
opérées au niveau de chaque partie, sans entraîner une révision structurelle.
Dans la technologie actuelle ces
principes sont devenus des normes. On a renoncé par exemple aux appareils
électroniques à un seul bloc rempli de pièces et on est passé au design
"par modules". On a constaté que le contrôle du monobloc était
difficile est encombrant. On produit des "modules" (parties) dont on
connaît seulement la fonctionnalité extérieure (des "boites noires").
Pour ceux qui les utilisent ces sous-ensembles représentent en fait des
éléments .
Mais si on essaie de transposer
cette technique dans l'ingénierie du savoir, on constate des particularités et
des limites qui doivent être respectées.
La construction se fait dans l'espace des instruments intellectuels de
l'apprenant et doit respecter ce contexte. Il n'est pas question de proposer
des solutions "optimales" artificielles. Sur une plaque électronique
on peut monter toutes les pièces nécessaires et établir seulement à la dernière
étape les liens englobantes. Sur la "plaque cérébrale" des telles
constructions seront refusées ! Le savoir s'établit progressivement, chaque
étape doit être acceptable pour l'apprenant, on ne peut pas lui demander
d'attendre la compréhension finale de l'ensemble...!
Ainsi on est obligé à penser pas
seulement à une décomposition plausible, séparable et flexible mais aussi consommable , car le but de la
décomposition est d'assurer la reconstruction du sujet par apprentissage. On
dose les parties pour pouvoir être aisément apprenante. C'est en vue du
transport du sujet de l'extérieur à l'intérieur que la décomposition se fait.
La restriction fondamentale est que la "porte d'entrée" des
informations a un gabarit réduit, ce qui oblige à une "division pour le
transport". Les morceaux doivent pouvoir "entrer" facilement et
utilisés aisément pour la recomposition intérieure.
On arrive ainsi à la
problématique de l'analyse et de la synthèse.
4. L'analyse et la synthèse. La
recomposition.
Pour comprendre le nouveau sujet complexe (pour l'apprendre),
l'apprenant doit se livrer à une opération double et réversible :
1. L'analyse.
La décomposition en parties , à
plusieurs niveaux , jusqu' il arrive à une bonne granulation. Cette "bonne
granulation" doit lui permettre:
- de pouvoir "ingurgiter"
aisément chaque granule
- de pouvoir recomposer les
"molécules", pour retrouver l'unité de l'ensemble; la structuration
externe devrait lui être utile pour l'organisation interne du même savoir.
- de pouvoir saisir simultanément la
signification des granules- détails, leur place dans les unités supérieures (la
signification de l'ensemble et la place du détail dans cette signification)
2. La synthèse
La recomposition du savoir
complexe , la formation d'un savoir- système, dans lequel les liens entre les
éléments contribuent essentiellement à signification de l'ensemble.
Pendant l'apprentissage la
synthèse accompagne l'analyse, dans un cycle en spirale. On ne peut pas se
baser sur l'idée de décomposer tout, apprendre chaque partie, et assembler
finalement. (comme je l'ai déjà dit quant j'ai parlé de l'exemple des circuits
eléctroniques.)
A chaque moment, l'apprenant
développe son image interne sur le sujet, en ajoutant synthétiquement les
nouveaux atomes qu'il extrait par analyse. C'est une opération hautement
délicate qui nécessite une attention distributive de celui qui s'y livre. Il
doit avoir simultanément une vue sur l'objet extérieur, en décomposition, avec
concentration sur la partie en extraction et une vue sur l'objet intérieur en
composition corrélée avec l'image extérieure globale.
On est habitué avec cette
performance, qui est tout à fait remarquable. Car, si on accepte que le savoir-
complexe est un système et non pas un ensemble des savoirs- parties, on doit
reconnaître que le problème de la transmission d'un tel système par analyse-
synthèse est difficile. On peut préciser le moment de la transmission de chaque
partie, mais QUAND A-T-ON TRANSMIS LES LIENS qui recomposent l'unité systémique
? Si la réponse est jamais, on arrive à
la conclusion que le métabolisme de l'ensemble apparaît automatiquement par la
rencontre de ses éléments (comme une réaction chimique déclenchée automatiquement
dans les conditions du récepteur). A
l'opposé on peut concevoir une infusion continuelle d' "énergie de
synthèse" , qui assure une évolution continuelle du modèle mental.
La théorie et l'expérience
pédagogique encouragent plutôt cette deuxième vision. A chaque moment
l'apprenant développe une connaissance- système, en continuelle évolution.
C'est le motif de mon attention pour la dimension temporelle de la
recomposition. (voir le développement dans le prochain article). Pour le moment
je souligne l'importance de l'ordre de
l'enchaînement dans l'apprentissage.
En effet, si la granulation
"opère dans l'espace" (une décomposition en partie d'un ensemble) la
transmission des granules se fait dans le temps. Le temps est utilisé pour
faire passer un message qui dépasse spatiallement le gabarit de l'assimilation
momentanée. Dans le langage des télécommunications il s'agit d'une
"sérialisation" de l'information.
Le récepteur doit pouvoir traiter
la série saisie , c'est à dire capter
les éléments et les intégrer dans les unités supérieures.
5. La croissance d'un savoir.
Ainsi , si on fait attention au
mécanisme d'apprentissage on remarque que le savoir intérieur prend forme par
accumulation successive, par évolution.
Le système n'est pas la somme de ses parties, mais le résultat de ses
transformations, la dernière étape de son histoire. Il est naturel de se
demander en ces conditions si la recomposition d'un savoir doit se faire par
ensemblage des parties de sa forme finale ou par "croissance" suivant une évolution, à partir d'un
"embryon" rudimentaire mais systémique et par ajouts de type
évolution.
En définitif, même le savoir
extérieur (l'objet complexe curriculaire) a connu une évolution, une
transformation globale d'un état à l'autre. Peut on faire tabula rassa de son
histoire si on veut le comprendre de manière à le transmettre à un
apprenant? J'ai tout les raisons de le
douter ... Je me rappelle la stupéfaction que j'ai sentie quand, à la fin de
mes études en mathématiques (très poussées d'ailleurs) j'ai suivi un cours sur
"L'histoire des maths" ! J'ai
eu de telles révélations , que, rétroactivement, ma perception sur les sujets
que j'avais "appris" est changée dramatiquement. Cela m'a poussé plus
tard de faire des expériences avec mes élèves qui ont confirmé ce constat : les
idées ont une dimension temporelle , elles ne sont pas réductibles à leur forme
présente. Le présent d'un système ne suffit pas pour lui comprendre le
métabolisme.
Si apprendre c'est de faire
croître un savoir et non pas de l'assembler, le discours pédagogique devrait
suivre une logique en conséquence. L'analyse- synthèse suivra plutôt un axe
évolutif , la recomposition sera orientée par l'histoire.
6. L'aide à la recomposition
Que peut-on faire pour faciliter
la recomposition d'un sujet complexe par un apprenant ?
Nous pouvons chercher des
perfectionnements dans plusieurs directions.
1. Clarifier la
"morphologie" et la "physiologie" du sujet complexe. Quelle est (quelles sont) la décomposition
favorable ? (parties séparables, avec
une relative autonomie et métabolisme propre etc). Jusqu'à quelle granulation
on peut continuer la décomposition ? Quels sont les liens entre les parties, à
un certain "étage de décomposition" ? Peut on "comprendre"
une partie sans avoir besoin d'un savoir sur les autres ? Peut-on trouver
"un chemin" qui permette que l'objet de chaque étape soit
compréhensible seulement à l'aide de ceux considérées antérieurement ? Si non ,
peut on retarder la compréhension complète en vue des précisions ultérieures? A
à quel moment on doit faire appel à des retours pour compléter des
explications?
2. Clarifier les particularités
de l'intégration du sujet par l'apprenant. Quelles sont ses habilités d'analyse
et de synthèse ? Quelle est son expérience de recomposition ? (on ne parle pas
ici des autres éléments comme la motivation, les préalables etc). Quelle est la
granulation qui lui convienne ? Mais le rythme de la sérialisation ?
3. Etudier le système sujet
extérieur- éducateur- apprenant-sujet intérieur. Comment peut-on assurer la
synchronisation de la série éducative émise avec le rythme et le style du
décodage du récepteur ? (dans le cas du "teach"). Comment peut-on
aider l'explorateur à extraire l'information d'une manière optimale ? (dans le
cas du "learn")
4. Etudier la formation du
système , son histoire. orienter en conséquence la transmission du savoir. Permettre au savoir- intérieur de croître par
ajouts.
A la suite de ces démarches on
peut accorder de l'assistance à l'apprenant à plusieurs niveaux :
1. Préparation du savoir .
Pour l'autodidacte, on peut
"aménager" le sujet extérieur de manière qu'il soit facilement
abordable. On choisit une bonne modularisation, qu'on pousse jusqu'à la
granulation nécessaire. On présente une "carte" de la décomposition
faite, de la manière à mettre en évidence la position des parties dans
l'ensemble. On explicite les liens entre les parties. On explique le
fonctionnement de l'ensemble à plusieurs niveaux de décomposition (raffinement
successif).etc
L'ordre et le rythme sont fixées
par l'apprenant. C'est le cas d'un "learning environment".
2. Présentation du savoir
Si on a réussi à découvrir une
"voie royale" pour la recomposition du sujet, on présentera cet
enchaînement qui mène au transfert progressif de la connaissance- système.
Cela suppose que la
"série" émise respecte un ordre optimal, à la fois pour la
spécificité du savoir extérieur et des particularités de l'apprenant. Chaque
nouvelle tranche est à la fois :facile à recevoir, intelligible, facile à intégrer
à la structure interne de manière à la faire évoluer.
L'ordre est fixé par l'éducateur
(l'auteur de la leçon), avec des alternatives laissées ouvertes à certaines
adaptations. Le rythme est fixé par l'apprenant. Le livre est un tel cas.
3. Imprégnation du savoir
Ils existent des sujets- système
pour la transmission desquelles les attitudes précédentes ne sont pas
suffisantes. Supposons par exemple que le système ne peut pas être expliqué
d'une manière "enchaîné". Les parties sont difficilement séparables ,
les liens sont complexes, la décomposition artificielle. Le sens de l'ensemble
se relève globalement , comme une réaction entre plusieurs composantes qui
entre en jeu. Pour produire cette réaction, il faut créer un certain contexte
intérieur , mettre en jeu des éléments introduits préalablement sans autonomie
significative. Convaincre l'apprenant à ingurgiter les composantes insipides (à
justification imperceptible) d'une réaction ultérieure révélatrice, l'apporter
dans l'état qui fait possible cette révélation, ce sont des opérations qui
peuvent réclamer un enseignement plus directif.
L'apprenant doit se laisser
conduire par une synchronisation extérieure pour pouvoir accéder à la
recomposition, pour décoder.
7. Une contradiction fondamentale
Trouver le bon instrument d'aide
à l'apprentissage d'un sujet- système, peut se révéler un choix
particulièrement difficile. Qui doit diriger les "opérations",
l'apprenant ou son environnement ?
Il y a une contradiction à
dépasser :
-l'éducateur sait comment on doit
décomposer le sujet-système de manière optimale , dans quel ordre, et peut être
même dans quel rythme il faut recomposer le sujet réel pour optimiser un
apprentissage virtuel; cette connaissance fait partie de son savoir intérieur
sur le sujet; il connaît l'arrivé; par contre il ne peut pas estimer avec
précision la réaction de l'apprenant, la vérification dans le cas particulier
de celui-ci des hypothèses sur lesquelles se base son discours, car il ne
connaît pas le départ.
-l'apprenant est le vrai
dirigeant de son apprentissage, l'acteur des opérations de réception, analyse
et synthèse qui mènent à la recomposition du sujet , pour lui le sujet
intérieur est réel à tout moment ; il connaît le départ; par contre , le sujet
extérieur qui doit l'orienter est virtuel, il ne connaît pas l'arrivée.
Dans ces conditions, qui doit
décomposer le sujet en parties jusqu'à la granulation nécessaire à une bonne
transmission? Qui doit décider l'ordre de la série transmise ? Qui doit
contrôler la transmission proprement dite ? Qui doit gouverner la recomposition
?
La réponse varie probablement
d'un cas à l'autre. Une bonne formule devrait pouvoir s'adapter.
8. L'asymétrie de l'unité
:analyse- synthèse
Quoi que l'analyse et la synthèse
sont inextricablement liés dans le processus de recomposition d'un savoir (de
l'extérieur à l'intérieur), leur pondération n'est pas nécessairement égale.
Il est généralement plus
difficile de former un système par intégration que de le décomposer
analytiquement. Le découpage d'un "puzzle" et la restauration sont
d'un autre ordre de complexité.
Le fait qu'on assiste
actuellement à une vraie explosion analytique, à une culture de l'analyse (de
la décomposition...) au dépit des démarches de synthèse, est lié à cette
asymétrie. La synthèse est assez compliquée et assez relative pour qu'on
l'évite. D'autant plus le problème de
l'aide à la synthèse promet des sérieuses complications . Il n'est pas
surprenant que les "environnements d'aide à l'apprentissage" soient
généralement axés sur l'analyse.
Les "tutorielles"
remplacent l'assistance à la synthèse par l'imposition du parcours. ("fait
,et tu verras!") . Les "milieux enrichis" par déclinaison
("débrouille toi !). La conception des "aviseurs pour la synthèse"
n'est pas une tâche simple.
Comment assister quelqu'un qui
est en train de construire un savoir- système ? On peut l'aider certainement
(pour refaire un puzzle la consultation
de l'image initiale est essentielle ). Mais quelles sont les règles de cet aide
dans les cas plus compliqués, de synthèse par croissance, par évolution ?
Bibliographie-6
A. Cours, séminaires, démonstrations, tables
rondes :
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d'apprentissage - Max Giardina (hiver 1994)
Le cours ETA 6745 : "Structure et langage
de la technologie éducationnelle.- H. Stolovitch automne 1993
Les présentation de la vitrine EIF de CRIM
Les présentations de LICEF - journée porte
ouverte Téléuniversité( 24-03 1994)
Les tables rondes avec les représentants de la
recherche et de l'industrie (mars 1994)
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AI-ED (intelligent computer
aided instruction) : ai-ed@sun.com
NEWEDU-L (new paradigms in education) :
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Groupes News :
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