Ioan Rosca
Enseigner et
ètre enseigné (3)
1. Le cadre
Dans un article antérieur j'ai
mis en évidence deux mécanismes qui interviennent pendant l'apprentissage :
arracher les informations ("learn", extraction ) et recevoir
l'information ( "be taught", lire). En réalité, les deux sont
présentes simultanément, se complètent, de manière que la clef du succès est un
dosage bien adapté à la particularité de la situation.
Toutefois , il est intéressant de
mettre en évidence les traits caractéristiques des cas extrèmes du continuum
"learn-be taught", pour bien comprendre les critères du design correspondants et en déduire des principes opérationnels
pour l'établissement du dosage optimal. L'article précédent a été destiné à
l'analyse des attitudes de recherche et d'extraction de l'information et aux
principes d'organisation de l'aide à la découverte. Cet article est destiné à
l'analyse de la "consommation" d'une information et aux principes
d'organisation de l'aide à la consommation.
Je précise donc dès le début qu'il ne s'agit
pas d'une plaidoirie pour une organisation monocorde des environnements d'aide
, de leur développement unilatéral sur la dimension "tutorielle",
mais de l'étude de la spécificité et de la pertinence de cette dimension dans
diverses situations d'apprentissage. En définitive, à la fin de la "phase
des transactions" qui a lieu dans un "learning environment" ,
l'utilisateur reçoit un "morceau" d'information unitaire, ... une
présentation! Le problème du bon dosage , de l'équilibre de l'environnement
d'aide sera traité dans un autre article.
Aussi je sens la nécessité
d'expliquer l'importance que j'accorde au sujet , le motif pour lequel je le
crois d'actualité. On fait souvent la remarque que les préoccupations de ce
genre (pour l'organisation du discours instructif) sont très répandues en
pratique et en théorie, que le sujet et banalisé.
Du côté pratique, l'attitude
"discursive", le monologue professoral , la "dictature
pédagogique" n'ont plus besoin d'ètre promues, car... elles expriment la
coutume. Un reproche fondamental fait à l'enseignement traditionnel et qu'il
s'organise seulement sur la dimension "livraison" de l'information,
sans exploiter ( et en inhibant mème)
les disponibilités actives des apprenants, sans organiser leur
participation à l'extraction des connaissances selon leurs intérèts et leurs
préalables. Face à cette réalité , le mouvement actuel de réparation ne peut
que mettre l'accent sur la dimension participative. Soutenir les valeurs du
discours semble aller au contre-courant.
Du côté théorique, la
préoccupation pour la "préparation" d'un discours de qualité fait
traditionnellement l'objet de la didactique, qui le traite extensivement.
Pourquoi le reprendre dans le cadre de la technologie éducationnelle?
Ma réponse à ces objections tient
spécifiquement des caractéristiques de la technologie éducationnelle. D'une
part, si on veut respecter son principe de systémicité, on doit prendre en vue
tous les éléments qui forment le système éducationnel et tous les moyens
utilisables. Le grand critère qui nous guide est la recherche d'une solution
optimale, le mieux adaptée au problème qu'on se propose de résoudre. On ne peut
pas avoir un parti- pris et repousser certaines alternatives par
"antipathie" ou "modernisme à tout prix". Si dans une
certaine situation (et ils existent pas mal d'exemples de ce genre), la
conception d'un "tutoriel" répond très bien au problème , on en fera
appel sans se soucier des "modes".
Plus important encore, il est prévisible que l'environnement que le
technologue veut construire , ait besoin de combiner les hypostases, d'assurer
des services hybrides "teach-learn". Pour y arriver il faut avoir une
base des concepts et instruments unitaires, cohérente, qui permette l'analyse
comparée, l'évaluation, la décision. Or tout cela réclame l'intégration des
résultats didactiques, leur translation dans un langage spécifique à la T. Ed.
!
On peut dire que cette opération
a été déjà faite avant , à
l'occasion de la vague des
"algorithmes d'apprentissage" , des techniques pédagogiques comme
l'éducation programmée ou l'EAO, et que le moment actuel doit ètre réservé aux
techniques du "learn", encore insuffisamment mises au point.
Mais accepter une telle motivation pour la
diminution de l'étude du "teaching" dans la perspective de la
Technologie Educationnelle ce serait de ne pas tenir compte d'une autre
caractéristique fondamentale de celle-ci : l'ouverture vers tous les moyens
techniques.
En fait les nouveaux instruments
apparus les dernières années sont
tellement complexes, leur potentiel pour l'éducation tellement grand, qu'ils
exigent des réconsidérations aux niveaux des principes et des stratégies.
L'organisation du "monologue" explicatif (démonstration,
présentation) à l'aide des nouveaux instruments demande une nouvelle étape de
recherche technologique.
Et qui sait, peut ètre qu'à l'occasion de ces
réconsidérations on découvrira que l'absence du bon "learn" n'était
pas la seule défection de l'enseignement, et que l'art du "teach"
n'avait pas atteint ses limites...
2. Les facteurs qui influencent
la réception
A la base de toute démarche de conception
des instruments d'aide à l'apprentissage par "présentation"
("teach") doit ètre la bonne compréhension du phénomène psychique de
la réception d'une présentation.
Quoi que la littérature
psychologique en soit comblée et que les considérations didactiques en
abondent, ce sujet reste "délicat" et confus. Surtout nous ne
disposons pas des recettes (peut ètre il n'est mème pas possible...)
opérationnelles pour contrôler le niveau de réceptivité d'un apprenant.
Nous disposons de quelques
orientations générales :
a.
La réception est un phénomène de résonance ,à plusieurs acteurs,
pluriconditionnée. Pour que le "synchronisme" apparaisse (et avec lui
un transport important des informations) il est nécessaire une adaptation
(accord) entre la source extérieure et le récepteur.
b.Du
côté du récepteur, cela suppose , d'une part, sa "compatibilité" avec
le sujet du message et avec le style de la communication. Le "constructivisme" accentue
l'importance de cette compatibilité, le fait que l'apprentissage, vu de l'intérieur est un développement
de l'arbre interne des connaissances. Pour un bon accord, le contenu nouveau
doit ètre facilement raccordable à l'arbre des préalables, et la forme de
présentation aux habitudes perceptives et intellectuelles.
D'autre part , il est évident que
l'apprenant doit faire des efforts d'accommodation et d'accumulation. Or, à ce
moment les mécanismes motivationnels interviennent clairement. Le
"béhaviorisme" accentue l'importance de la motivation. On peut influencer
l'apprentissage par des leviers extérieurs, motivationels.
La force et la structure de la motivation joue
un rôle incontestable et jusqu'à un certain point complémentaire à la
compatibilité. Ainsi il n'est pas rare
de constater qu'un étudiant motivé se débrouille mieux qu'un
"indifférent" , mème si l'information présentée et plutôt compatible
au deuxième. Cela met en évidence la possible indépendance des deux conditions.
Mais on peut par contre avoir des
situations dans lesquelles la compatibilité et la motivation s'influencent
réciproquement. Il est par exemple évident qu'une information claire,
accessible, compatible, peut provoquer des "sentiments de sympathie"
et stimuler le désir de l'intégrer. Par contre un discours difficile à suivre
peut décourager. Réciproquement, un
discours important pour l'apprenant pourrait ètre plus compréhensible à cause
de la focalisation de l'attention produite par la motivation.
Ainsi, plus ou moins
interdépendants, la compatibilité et la motivation conditionnent essentiellement
la réussite de la "résonance de l'apprentissage". On parle aussi des
leviers "cognitifs" (liés à la compatibilité) et affectifs (liés à la
motivation). C'est de nouveau une division relative, car (par exemple) pour
certains sujets , comprendre est un but, auquel s'associe le plaisir de comprendre; pour des autres, sentir est un but,
auquel s'associe le savoir du
sentir. Ainsi j'évite cette
dichotomie et je préfère celle de compatibilité/ motivation , qui me semble
plus fertile, car elle essaye de départager les facteurs
"psichoobjectifs" (la compatibilité du message avec la structure
intellective du récepteur, le pouvoir) et "psychosubjectivs" (la
motivation, le vouloir, le plaisir).
c. Du côté de l'environnement
(l'émetteur, le partenaire) les mesures en vue de l'amélioration de l'accord,
peuvent viser les deux leviers : influencer la motivation et influencer la
compatibilité (intelligibilité).
Certains auteurs expliquent les qualités
formatives du "learning" à cause du facteur "compatibilité"
( assuré intrinsèquement par le fait que l'apprenant choisit l'information à apprendre et "motivation" (assuré
par le plaisir de la participation).
Pour le "teaching" les arguments
sont en revanche : la "compatibilité" accrue par le choix de
l'enchaînement des explications par un expert
pédagogique et la "motivation" assurée par la commodité de l'apprentissage dirigé.
Mais il serait peu expressif et
peu constructif de s'engager dans une polémique sur les avantages de l'une ou
de l'autre des deux approches pédagogiques. Tout au moins les polémiques
peuvent viser la pertinence de certaines réalisations particulières ou de
certains "lois" restrictives.
Dans le cadre général, nous ne pouvons pas oublier que le but et de
faciliter l'apprentissage et que, toute contribution dans cette direction doit
ètre prise en considération. Ainsi les "trucs" à accroître
l'intelligibilité et la motivation sont bien venus , quoi qu'ils appartiennent
au répertoire du "teaching" ou du "learning".
C'est à cause de cela que je continue
à préférer la dichotomie "compatibilité" (intelligibilité)/
"motivation" (intérèt) comme noyaux de la recherche du
perfectionnement des instruments d'aide à l'apprentissage.
3. L'aspect évolutif
Je reviens dans ce paragraphe à l'activité
de l'un des deux "pôles" du processus de transmission des
connaissances : l'apprenant.
Je rappelle ses préalables
(compatibilité et motivation) et son contrôle sur le déroulement de la
"séance". Les choses se
compliquent si on fait attention à la transformation que l'apprentissage
produit pendant son accomplissement. Les nouvelles connaissances intégrées
transforment l'espace des états cognitifs ( connaissances, procédures,
dextérités) et motivationels. En conséquence ses critères et ses décisions
peuvent changer "en route".
En fait l'apprentissage et une
transition et s'accomplit par des phénomènes inéluctablement transitoires. Je
reviendrai dans un autre article sur l'aspect évolutif de l'apprentissage. Pour le moment je dois mentionner l'importance
du régime transitoire de l'apprentissage et de l'étude de la "dynamique de
l'éducation" , encore peut présent (à ma connaissance) dans la littérature du domaine.
Il est évident qu'une telle étude
promet d'ètre particulièrement difficile. Il suffit de mentionner que mème au
niveau de base (la physiologie) le "régime dynamique" n'est pas
encore bien compris. Mais les difficultés ne peuvent pas justifier la
négligence de cet aspect , si on veut approcher le modèle théorique de la réalité
de l'instruction , car celle-ci se fait dans un contexte transitoire, évolutif,
souvent irréductible à "une chaîne" d'étapes stables.
Ainsi , à tout moment de
l'instruction , l'adaptation entre la nouvelle partie du message et le
destinataire, dépend de la compatibilité
momentanée entre le message(forme et fond) et le récepteur (connaissances,
style ) et de la motivation instantanée. Or
, les paramètres instantanés du récepteur peuvent à leur tour avoir été
influencés par le déroulement antérieur de la "leçon".
La pratique pédagogique peut ètre
à ce sujet une inépuisable ressource. Les professeurs expérimentés savent
l'importance de l'ordre dans lequel ils présentent les notions, du cadre (de
l'atmosphère) qu'ils réussissent à créer avant un certain "attaque pédagogique",
du rythme , des pauses, des récréations, des divagations , des
préparatifs. C'est par l'intermède des
"stratagèmes" dynamiques qu'on réussit à "faire passer" des
notions plus difficiles, à faire "sauter" sur des brèches cognitives,
et c'est l'absence de l'"aplomb" et de l'inspiration qui peut causer l'échec d'une leçon.
L'expérience pédagogique montre
que, l'adaptation (et la bonne transmission des connaissances) n'est pas rigide
(prédéfinie), qu'elle est variable et "à mémoire", soumise à un mécanisme
"en spirale". Lu succès de chaque étape dépend des étapes
précédantes. D'un côté cela s'explique
par le changement que l'apprentissage apporte , d'un autre par l'inertie, par
la "réverbération" : à chaque moment la transformation en cours est
l'effet de la somme des "ondes" pertinentes reçues à divers moments
antécédents.
Dans le modèle statique, la motivation et la
compatibilité pour chaque partie du discours sont des données initiales ,
analysable dans des termes stables, : l'apprenant x à pour la connaissance y
une certaine compatibilité et un certain intérèt.:
a =f(i,c,y)
Dans le modèle dynamique (et réel) l'apprenant xn à pour la connaissance yn , dans le contexte zn et au moment tn , un certain intérèt inet une certaine compatibilité
cn. Le
résultat et un apprentissage an :
an=f(in,cn, yn) , mais in et cn sont en fonction de l'évolution
antérieure
in, cn = g( an-1,an-2,....a1)
Si j'ai anticipé ici quelques
remarques d'analyse dynamique c'est à cause de leur implication profonde sur l'estimation
de l'importance du discours en éducation. Car,
la réduction du discours didactique à une "énumération" des
informations peut produire des fausses conclusions . Une vraie
"explication" n'est pas la somme de ses parties, mais une chose de
plus qui tient de leur enchaînement.
Découper le discours en morceaux d'informations et les livrer dans un
ordre et dans un rythme aléatoire au nom de la liberté d'exploration peut
conduire dans certains cas à compromettre les qualités dynamiques de l'explication.
Je choisis comme illustration de
ce problème la structure typique de l'IA.
Un ordinateur qui prétend de simuler un expert en éducation , devrait
pouvoir simuler les stratégies dynamiques de l'explication. Or dans sa
structure actuelle , l'ordinateur peut contrôler à peine le contenu de son
discours et il n'est nullement préparé à faire face aux exigences
dynamiques. C'est peut ètre pour cela
que son utilisation pour "teaching" est moins convaincante que celle
d'instrument d'aide au "learn"...
Observation : Une manière de
simplifier le modèle et d'englober les effets dynamiques est de les considérer
à tout moment inclus dans les paramètres de réceptivité instantanés : l'intelligibilité et la détermination. Ce sera après
cette réduction que l'analyse pourra reprendre dans les termes initiaux: à tout
moment -un apprenant et un message.
Seulement que, en ensemble ... on ne parlera plus d'un apprenant (fixe) mais
d'une série d'hypostses-apprenant, d'une évolution.
4. L'art d'écouter.
Le premier acteur qui a un mot à
dire sur la valorisation de la potentialité éducationnelle est évidemment
l'apprenant. Sa réaction dépendra de l'intelligibilité du message et de son
intérèt, du "pouvoir" et du "vouloir" apprendre.
Mes de quoi dépendront celles-ci
à leur tour? Et comment va-t-il procéder
effectivement?
La "compatibilité
globale", c'est à dire le degré de corrélation entre la signification de
la nouvelle information et ensemble de
sa "base de connaissances"
,d'une part, et entre la forme de présentation et ensemble de sa
"base des particularités de perception et compréhension", d'autre
part, est un premier point. Mais si cette "acordabilité" de principe
et le fondement de la compatibilité, elle n'en est pas l'équivalent. Ce qui
compte pour l'accord effectif c'est la zone activée de la mémoire, la région ou
se concentre l'attention . Bien sur que, si le facteur temps n'est pas
restrictif (le sujet peut chercher une focalisation optimale) cette
distinction est moins importante. Mais,
si par contre, le régime est transitoire (le cas de la suivie d'une
présentation) ce sont les informations apportées "dans la mémoire
vive", activées, qui influencent plutôt la compréhension. Or, l'état de la mémoire vive, le relief des
connaissances mises en alerte, est fort dépendant du déroulement précédant de
l'apprentissage.
C'est à cause de ce phénomène
qu'on est en droit de supposer que: pendant la suivie continuelle d'une
explication , l' influence sur
l'apprentissage de l'organisation du message est plus grande par rapport à
l'influence de la personnalité de l'apprenant que dans le cas de
l'apprentissage par découverte.
La force de suggestion et de
manipulation du bon discours est d'ailleurs reconnue. L'auditoire est
"porté" par l'argumentation, engrené sur des chemins moins familiers,
conduit à des endroits surprenants, qui, après stabilisation , peuvent devenir
des nouveaux repères.
Ce mécanisme peut ètre
complémentaire à celui de l'avancement par exploration propre (duquel je me
suis occupé dans l'article précédant).
Il est toutefois intéressant que, bien que l'exposition des gens aux
présentations soit largement répandue (donnons seulement l'exemple de
l'influence du visionnement de la télévision sur l'éducation des jeunes
d'aujourd'hui !) , bien que la théorie de la conception des discours pénétrants
(influants) soit développée, on dispose de peux de recherche pédagogique sur
"l'art d'écouter".
Ainsi , pendant que l'art de
"chercher" et d'extraire (l'heuristique, le "retrieval")
est placé à la base de la conception des "partenaires d'aide à la
recherche", l'art de convaincre et de conquérir un auditoire est rarement
vu comme un appui auxiliaire à l'apprentissage par "audition" . La
tradition (...!)a établit plutôt une technique de manipuler que de conduire. Les connotations négatives que l'idée du
"teaching" a aujourd'hui sont liées à cette expérience...
Pourtant, il serait intéressant
d'établir les lois de l'art d'écouter, c'est à dire de mieux profiter d'un
discours, de lui exploiter les qualités de suggestion. Evidemment on aura en
vue le cas de l'apprenant consentant, intéressé mème, à suivre la démonstration. Sur la base de ces
lois, on pourrait reconsidérer aussi l'art de présenter, surtout dans le cas du
design d'un environnement artificiel.
5. L'art d'expliquer
Sur ce nom je reviens à une
préoccupation traditionnelle de la didactique :comment préparer le discours
professoral ? Il ne mérite pas de reprendre les éléments déjà classiques de ce
domaine. Pour respecter le schéma de cet
article, je me pencherai sur les démarches pour améliorer la compatibilité et
la motivation de l'apprenant. Cela peut
supposer plusieurs approches:
a.Solution
adaptée
- Saisir l'espace des motivations
de l'apprenant pour orienter l'adaptation motivationelle.
- Comprendre les préalables
(l'espace des connaissances, les particularités de perception et de
compréhension et les possibilités de phocalisation ) pour orienter la
compatibilité.
- Modifier à tout moment le discours
en fonction de ces observations de manière à produire une explication efficace.
Cette solution idéale combinerait
l'avantage de la force de conviction du discours avec celui de la force
d'adaptation à l'apprenant. Dans la pratique pédagogique elle est plutôt une
"solution de luxe". Le fait
que le professeur doit s'adresser à un
groupe d'étudiants , souvent mème pas homogène, est déjà suffisant pour
transformer cette idée généreuse dans un voeu pieux! Pourtant, dans une salle
de classe, un certain feed-back a lieu, mème si grossier et statistique. Dans
le cas d'enseignement "mass- média" ces rudiments d'adaptation sont
éliminés.
b.Solution adaptable
- Faire une estimation de
l'espace de motivations du public cible
- Faire une estimation du
"backgraund " du public cible .
- Préparer l'exposition de telle
manière que sa lecture soit prévisiblement facile, enrichissante, stimulante
auto-orientable.
L'emphase n'est plus portée sur
les paramètres de l'apprenant mais sur les qualités d'intelligibilité
potentielle du message. On mise sur l'effet de "conversion" de
l'auditoire, sur les effets dynamiques du "calage" sur l'émission. Le
présentateur ne s'adapte pas, il prépare
un message conçu pour faciliter l'adaptation des spectateurs.
Et le résultat est intéressant dans des
situations spécifiques. En effet, une des qualités de l'exposition est sa
reproductibilité. Une fois préparé, elle peut ètre présentée à un nombreux
public. Les instruments d'enregistrement et de reproduction feront le reste. De
plus la relative généralité du discours accroît sa "transportabilité"
, la dépendance réduite des particularités du public en étant un atout. C'est
indiscutablement cet avantage "économique" qui explique le succès de
la solution "nonintéractive".
Si je rappelle que ce mécanisme a
connu des succès, c'est parce que dans la vague actuelle , la recherche des
solutions interactives pourrait perdre de vue l'existence de cette
alternative. Le fait que l'EAO est
considéré dépassé , et que l' EIAO est proclamé comme standard me fait craindre
cette négligence.
Car, les difficultés d'équiper un
ordinateur avec une capacité de compré-hension de l'apprenant suffisamment
raffinée pour soutenir un discours adapté, sont encore redoutables. Il serait
possible que les solutions retardent et qu'elles soient assez coűteuses
pour ne pas se justifier économiquement dans certains cas.Ce genre de
restrictions rappelleront ceux qui ont poussé la société à se contenter de
l'enseignement "collectif".
Bien sur que c'est exactement sur ce point que l'ordinateur promet des
révolutions. Mais devra-t-on renoncer à l'utilisation de l'ordinateur comme
outil puissant d'explication dans les
situations ou les solutions interactives seront un luxe sans justifications?
Il n'existe d'ailleurs pas une
contradiction entre les deux leviers que l'explicateur peut employer pour
accroître l'intelligibilité de son discours:
-L'adaptation à l'apprenant
(l'intelligence du dialogue)
-L'aménagement accessible ,
cohérent, généralement intelligible (l'intelligence du monologue)
On peut par contre parler d'une
complémentarité ( équilibre d'une solution hybride, inclusion des deux services
d'aide dans un seul environnement ou possibilité du choix de la variante la
mieux adaptée à un cas particulier).
Je crois qu'en éducation, entre la négociation
, la recherche par l'apprenant et l'exposé du "professeur" on devra
chercher un équilibre. Un bon partenaire
devra savoir combiner l'hypostase de guide à la découverte à celle d'
"explicateur". Or cela suppose que les principes de l'explication artificielle soient clarifiés...
Quelles sont les paramètres
(dimensions) d'une explication?
Comment des caractéristiques
comme "force de conviction" (de suggestion, etc),
"expressivité", "charme", "cohérence",
"continuité", "fit motivationel", peuvent ètre modelées et
..."numérisées"
Comment peut-on transformer les
informations dans des explications?
Comment peut-on générer des
explications à partir d'une structure statique des connaissances ?
Mais le contraire, générer une structure
d'exploration des connaissances autour d'un discours ?
Comment peut -on récupérer la
résonance stimulante produite par un créateur humain talentueux à son
auditoire?
Bibliographie-3
A. Cours, séminaires, démonstrations, tables
rondes :
Le cours ETA 6703 : Conception et élaboration de systèmes Multimédia
d'apprentissage - Max Giardina (hiver 1994)
Les présentation de la vitrine EIF de CRIM
Les présentations de LICEF - journée porte
ouverte Téléuniversité( 24-03 1994)
Les tables rondes avec les représentants de la
recherche et de l'industrie (mars 1994)
B. Ressources sur INTERNET :
Listes de discussion par courrier électronique :
AI-ED (intelligent computer
aided instruction) : ai-ed@sun.com
NEWEDU-L (new paradigms in education) : NEWEDU-L@vm.usc.edu
Groupes News :
bit.listserv.edtech
misc.education.multimedia
sci.cognitive
alt.video.laserdisc
alt.hypertext
alt.authorware
bit.listserv.authorware
Archives accessibles par Gopher :
gopher.ed.gov
gs1.gac.peachnet.edu
wave.scar.utoronto.ca
state..virginia.edu
gopher.cic.net
cico.rice.edu
gopher.unr.edu
Publications électroniques (accessibles par
gopher)
EDUPAGE
(ivory.educom.edu)
Chronicle of higher education
(chronicle.merit.edu)
Education,Research and perspectives (gopher.ecel.uwa.edu.au)
Journal
of Technology Education (borg.lib.vt.edu)
New
horisons in Adult Education (gopher.acs.ohio-state.edu)
Catalyst (gopher.cic.net)
Distance Education Online Symposion News
(gopher.cic.net)
EduCom
Review (gopher.cic.net)
Education
Policy Analysis Archives (gopher.cic.net)
Educational Uses of Industrial Technology News
(gopher.cic.net)
GLOSAS
News (gopher.cic.net)
Journal
of Extension (gopher.cic.net)
Viewpoints (gopher.cic.net)
Bibliothèques en ligne et bases de donnés ;
ERIC et
ASKERIC (gopher.ed.gov ou ericir.syr.edu)
C. Articles , périodiques, communications
"Appel de projets"- 1991 Min. de L'Ens.-Québec
"Ergonomie de l'écran et de l'interactivité"-M. Cartier (1990)
"Software evaluation" -Min. of Educ. Canada (1985)
"Evaluating Interactive Multimedia"- T.C.Reeves
Frasson C, Kaltenbach M., Gecsei J. "Pif- An iconic
intention-driven ITS Environment" (Lectures Notes in Computer Science,vol
608,Springer-Verlag)
Max
Giardina &co "BIOMEC-
modélisation et développement d'un module d'apprentissage intelligent utilisant
le vidéodisque interactif" (ITS- juin 1988)
J.
Gecsei, C. Frasson :"Safari : an Environment for Creating Tutoring Systems
in Industrial Training "
T
Hirashima &co "Providing
Problem Explanation for ITS" ( Conference ITS "92)
D. Livres, monographies
S.
Ambron and K.Hooper :"Interactive Multimedia" (Microsoft Press-1988)
S.
Ambron , K Hooper "Learning with Interactive Multimedia" (Mic.Pr.
-1990)
S.
Cunningham, R.Hubbold "Interacive Learning Trough Visualisation"
Stefan
Odobleja "Psihologia consonantista" (ESE- Bucuresti-1982)
Traité
de psychologie cognitive-3vol (Dunod 1989)
G.Vignaux "Les sciences cognitives -une
introduction" (ed.La découverte 1992)
A. Braddley
"La mémoire humaine-t héorie et pratique"(Pr.univ. de Grenoble 1993)
C.Fortin & R. Rousseau "Psychologie
cognitive" (Téléuniversité-Québec 1992)
J.P.Caverni & "Psychologie
cognitive-modèles et méthodes"(pr un.de Grenoble'88)
ed.
M.Denis "modèles et concepts pour la science cognitive" (pr univ
Grenoble'93)
Y.Rogers & "Models in the mind"
(Academic Press 1992)
J
Piaget "Les mécanismes perceptifs" ((Pr.univ. de France 1961)
S.
Pinker -edit. "Visual cognition" (MIT 1985)
ed by
L.Weiskrantz "Thought Without Language" (Clarendon press Oxford 1988)
Irvin
Rock "The logic of perception" (MIT 1983)
E.
Wenger "Artificial intelligence and tutorial systems"(Morgan Kaufmann
pub.'97)
C
Frasson & co "Intelligent tutoring systems"(Springer-Verlag 1992)
P.
Jorion "Principes des systèmes intelligents" (Masson 1990)