Chapitre C7: La troisième étape de la modélisation

- essai sur la récursivité et la complexité de l'explication de l'explication-

L’explication de l'explication - les pièges et la modélisation de la circularité

J'ai présenté mon système de cartes à l'occasion de l'examen de synthèse. La réaction assez froide du jury m'a déçu et intrigué. J'ai compris que j'avais fait des erreurs de stratégie. Je n'avais pas suffisamment expliqué les raisons de ma manière de procéder, le motif pour lequel j'avais décidé de refléter une structure-source par une structure-image, offerte à l'exploration. J'avais essayé un discours plus adapté au sujet tandis que ce qu'on attendait de moi était un plaidoyer sériel, plus facile à lire et à encadrer dans les normes universitaires consacrées. Emporté par la passion pour mon sujet, je n'avais pas tenu compte du cadre concret de mon explication, peu propice à des inventions comme la présentation hypertextuelle, les cartes d'idées, les décompositions bibliographiques, etc. Le fait que ma présentation orale a convaincu plus que le texte déposé, m'a rappelé le besoin d'orienter l'exploration d'une structure. J'étais tombé dans le piège de ma situation paradoxale, circulaire. Pour utiliser une certaine technique de présentation, j'aurais dû d'abord convaincre le jury de sa pertinence. Ma tentative de le faire en l'utilisant dès le début dans la construction du plaidoyer, s'est avérée trop aventureuse et a provoqué confusion du lecteur. Celui- ci, surpris par la forme, ne saisissait pas mes intentions implicites et lisait difficilement le plaidoyer explicite qui justifiait la forme exotique adoptée. Jouer avec les cercles était plus délicat que je l'avais cru...

J’ai dû changer mon discours pour le rendre plus lisible lors du projet de thèse. Je gardais le souci d'éclaircir le rapport ambigu et circulaire entre l'explication, comme sujet de ma thèse, et l'explication, comme méthode de la présenter. En actualisant, aujourd’hui, un fragment, je crois illustrer un acte de modélisation intéressant dans cette troisième étape de modélisation.

Le phénomène sujet X

figure C7.1: L'univers de l'explication de l'explication, étape 1

On voit sur la figure que le concept très général de " phénomène " englobe des situations variées qui peuvent être classifiées selon une multitude de points de vue, plus ou moins indépendants. Il peut s'agir d'un phénomène concret (individuel, particulier) ou d'un phénomène-classe. Il peut s'agir d'un système relativement fixe dans le temps, ayant une stabilité qui nous permet de parler d'une " structure " (d'une " anatomie " ) ou d'un système en transition, quand nous parlons de processus (de "mécanisme" , de "physiologie"). Il peut s'agir d'une entité unitaire, organique, d'une existence, ou d'un ensemble d'entités en interaction. Ou encore, d'un phénomène avec ou sans acteurs humains. Enfin, l'observation et la description partagées des phénomènes primaires génèrent une famille de phénomènes secondaires qui peuvent à leur tour être regardés comme phénomènes- sujets. Dans notre cas, il s'agit du phénomène de l'explication, mais les remarques qui suivent sont valables pour le traitement d'un phénomène X quelconque.

L'observateur

Figure C7.2: L'univers de l'explication de l'explication , étape 2

La rencontre entre l'observateur et le phénomène cible déclenche le phénomène secondaire de l'observation. Ce nouveau phénomène interférera avec un troisième: la formation d'une image du phénomène dans l'univers cognitif de l'observateur, que j'appellerai conceptualisation. Même s'ils interfèrent, ces deux processus ne sont pas confondus. Le concept est le résultat d'une longue évolution. Il est influencé par plusieurs observations, dialogues, moments de méditation, etc. La conceptualisation peut aussi influencer le processus d'observation en cours. Les phénomènes- processus de l'observation et de la conceptualisation peuvent être aussi des sujets d'étude. L'image mentale obtenue peut s'ajouter à l'ensemble des phénomènes de type structure. Ce sont des sujets secondaires possibles liés au phénomène initial.

 

Le partenaire du dialogue

Sans dialogue, on n'aurait chacun qu'une image isolée sur le phénomène. Comment estimer l'objectivité de notre image et définir la réalité indépendante de sa source? Sans communication, on n'aurait d'ailleurs pas eu un langage. Sans langage, quelle serait la consistance de notre image et la base de notre intuition sur la distinction image-réalité? Il faut que l'observation du phénomène soit partagée entre plusieurs observateurs qui communiquent pour qu'on puisse comparer les images que deux personnes ont d'un même phénomène. On peut voir l'abstraction appelée " objectivité " (intensément utilisée en science) comme une résonance entre les diverses représentations subjectives.

Figure C7. 3: L'univers de l'explication de l'explication, étape 3

Le nouveau personnage est à son tour un acteur dans des processus d'observation et de conceptualisation relatifs au phénomène X et d'observation et de conceptualisation (par introspection) relatifs à tous les phénomènes secondaires. Il peut aussi faire une observation directe (sans communication) de l'observation de l'autre, ce qui est rarement suffisant pour le comprendre. Mais c'est le phénomène de la communication (dialogue) qui représente l'enrichissement significatif de notre schéma. Le phénomène expliqué ne peut exister sans l'interférence des processus d'observation et d'explication (par communication directe ou indirecte) qui lui donnent naissance. L'explication d'un phénomène est donc pour moi le troisième coté du triangle des processus: observation 1-explication-observation2 qui lient le triangle d'acteurs: sujet-observateur1-observateur2. Cette vision tri-polaire récupère la dimension coopérative, communicative, sociale, des connaissances partagées. La figure montre que le phénomène secondaire de la communication relative au phénomène X est à son tour susceptible d'être analysé comme phénomène-sujet.

Le support du message

Supposons maintenant que la communication entre les deux observateurs ne soit pas directe; ils utiliseraient un moyen pour transmettre leurs idées, représenté dans le schéma par un bloc supplémentaire: le support du message.

Figure C7.4: L'univers de l'explication de l'explication, étape 4

L'insertion du message dans cet objet (" la création ") constitue un nouveau phénomène qui ne coïncide pas nécessairement avec la construction (fabrication, genèse) de l'objet. Celle-ci peut connaître une multitude d'étapes et d'intervenants et constitue un phénomène à part. L'utilisation du support pour la " lecture " du message est un nouveau phénomène-processus secondaire à considérer tandis que le support et le " message " (image potentielle) enrichissent le monde des phénomènes-structures: physiques ou abstraites.

Le scientifique

Introduisons maintenant un observateur scientifique (spécialiste) qui étudie le phénomène. D'une part, il l'observe directement, de l'extérieur ou de l'intérieur. D'autre part, il est le bénéficiaire des descriptions sur les observations des autres qui lui sont communiquées directement ou par des objets-supports (livres , films, etc.). C'est à partir de tout cet espace d'observations, d'un important processus de méditation, de son expérience comme interprète, que le scientifique élabore son concept (image). Il s'y base pour concevoir des ouvrages.

Figure C7.5: L'univers de l'explication de l'explication, étape 5

Les actes d'observation, de lecture, de conceptualisation et de création du scientifique enrichissent le monde des phénomènes secondaires (voir les lignes apparues sur la figure). Ils sont spécifiques au désir d'expliquer " correctement ", ce qui suppose le respect d'un certain nombre de règles, établies et acceptées par une communauté scientifique. Observant de l'intérieur ces phénomènes secondaires, il pourrait les utiliser comme sources, arguments ou même comme sujets de son étude. La science du phénomène X consiste dans l'apparition d'une multitude de messages de cette sorte.

Moi, la thèse et le métaphénomène

Le nouveau personnage introduit dans le tableau ... c'est moi: l'auteur de cette thèse T sur le phénomène X.

Figure C7.6: L'univers de l'explication de l'explication, étape 6

Toutes les observations faites déjà s'appliquent aussi à mon cas. J'ai observé le phénomène- processus directement. J'ai aussi observé directement les processus secondaires: observation, conceptualisation, communication directe, création et lecture des messages, par rapport au sujet X. J'ai discuté avec d’autres et j'ai connu leur point de vue en lisant la littérature. Les messages que j'ai reçus d'eux parlaient du phénomène X, du processus de son observation, de la conceptualisation des images propres aux auteurs, des mesures nécessaires pour " accorder " ces images pour arriver à une image " objective ". Ils exprimaient des observations directes et des opinions sur les récits des autres. Ils provenaient d'un grand nombre d'ouvrages, encadrés dans une multitude de disciplines. J'ai essayé de faire un peu d'ordre dans cette fourmilière.

C'est ainsi qu'est née ma thèse, qui est le résultat d'un processus de formation et de traduction de mon image du phénomène X. Le rapport entre la thèse et le phénomène auquel elle se rapporte est en fait très complexe. Je n'y décris pas seulement le phénomène X en soi mais aussi les phénomènes de second ordre. J'y parle de l'observation, de la conceptualisation, de la communication directe, de la création/lecture des messages, déclenchées par le phénomène X. J'essaie de maintenir la distinction entre tous ces processus qui interfèrent, de préciser, dans la mesure du… lisible, les sources, la cible et la justification de mes observations. C'est une description pour un système de phénomènes liés à la connaissance partagée de X (observation, communication etc.) indissociables du phénomène central. J'appellerai ce système " métaphénomène " ou " extension explicative " de X ou " explication " de X -.

Mes lecteurs et la situation globale

Figure C7.7 : L'univers de l'explication de l'explication, étape 7

Ma thèse est un objet-message qui s'adresse à tout ceux qui veulent la lire mais particulièrement à un jury qui doit l'évaluer. Cette destination spéciale a des implications importantes que je suis obligé de mettre en évidence pour expliquer son écriture. Le lecteur a déjà une conception sur le phénomène X et sur le métaphénomène de son explication. Il a observé directement, il a lu les observations des autres, il a essayé de le décrire. Il lira mon message à partir de cette base. Sur ce point, je suis totalement d'accord avec les constructivistes. Chaque lecteur observera la distance entre l'image qu'il a du phénomène X, avant et après la lecture de ma thèse.

Je suis arrivé au moment décisif de cette introduction progressive. Le sujet "X" de mon explication est ... le phénomène de l'explication. Le problème est que l'extension explicative de X (l'explication de l'explication), étant une explication, appartient à l'ensemble des phénomènes particuliers que X englobe! Un cercle récursif se ferme entre X et son extension, générant des réverbérations descriptives comme dans le cas d'une image captive entre deux miroirs qui se font face. Si j'ai insisté tant sur la description du système de l'explication d'un phénomène, ce n'était pas seulement pour présenter le rapport entre une thèse et son sujet, mais pour expliquer ma situation particulière! La description des sources d'observation et l'argumentation des affirmations obligent le discours à osciller entre l'explication et l'explication de l'explication qui est à son tour une explication! Une seule proposition peut parler simultanément du phénomène et du métaphénomène. Quand l'observateur Z énonce: " L'auteur Y n'a pas raison quand il affirme que le processus explicatif (X1) est [...] car [ ...] ", le sujet de son affirmation est éparpillé dans le monde étendu de l'explication de l'explication. Il parle du processus explicatif X1, mais aussi du processus de l'observation (X2) et de la description (X3), de celui-ci par Y, et dans le même temps, il parle des processus X4, X5, X6 de conceptualisation vécus par Z, relatifs aux processus X1, X2, X3! Et ainsi de suite... Il n'est donc pas facile d'organiser l'exposition en séparant les sections selon des " parties " du phénomène ou de son extension explicative. Le désir d'une description structurée doit se plier face au besoin de plasticité que seules les descriptions narratives peuvent satisfaire.

La systémique dans la recherche développement – un projet de thèse

La peur d'une abstraction macroscopique qui effleure la réalité, qui perde la densité du phénomène et échoue dans des trivialités, m'a déterminé à des études microscopiques de laboratoire. Cette analyse minutieuse est décrite dans la partie B. Ici je ne veux qu'expliquer son rôle dans ma démarche de synthèse, le fait que j'ai voulu rester ainsi dans la profondeur du sujet. La recherche-développement a essayé pourtant de rester systémique, ce qui m'a coûté un volume important de travail. Pour ne pas perdre de vue l'ensemble du problème à l'occasion des immersions dans les aspects particuliers, j'ai gardé tout le temps les cartes systémiques comme fond de mes démarches, en essayant de les raffiner progressivement.

Les divers rapports que j'ai élaborés pendant ma recherche de laboratoire, les effets de mes tentatives de description antérieures, la vision sur le monde de l'explication de l'explication m'ont déterminé. de chercher continuellement la forme approprié pour présenter mon discours. Le travail pour développer des didacticiels m'avait rappelé qu'un exemple expressif (une étude de cas) est parfois la meilleure façon de révéler une généralité. J'ai pensé qu'au lieu de traiter le problème général de la modélisation du processus explicatif, il aurait été mieux de modéliser un cas particulier expressif. J'évitais ainsi une partie des difficultés de modélisation déjà signalées et j'évitais aussi la dispersion énorme typologique des situations explicatives. Le recours à un cas concret me permettait d'utiliser les connaissances préalables de mes lecteurs sur la situation pour laquelle je proposais un modèle , ce qui facilitait l'interprétation de mon message. Il restait de choisir un cas qui mette en évidence les phénomènes qui me préoccupaient.

J'ai choisi la démonstration des procédures par la coopération dans le triangle expert –ordinateur –novice pour des raisons expliquées largement dans la partie B. Mon projet de thèse a résulté donc de la confluence de deux questionnements. Le premier, théorique, ayant ses sources dans le désir de mieux comprendre un phénomène essentiel pour l'espèce humaine, consiste dans les interrogations suivantes. Que se passe-t-il pendant une explication? Comment a lieu la vague des transformations physiques et psychiques qui permet la propagation des connaissances à l'aide de la résonance entre les deux partenaires? Comment sont utilisés divers instruments pour dépasser les obstacles qui séparent les protagonistes? Quel est l'espace descriptif qui nous permettrait de mieux refléter l'univers de ce phénomène? L'autre (le deuxième) questionnement est pratique, ayant ses sources dans la frustration que j'ai ressentie, en tant que concepteur de démonstrations assistées par ordinateur, cherchant des instruments appropriés pour décrire les processus que je voulais influencer. Je me suis perçu dans un univers anarchique de " modèles " partiels et souvent arbitraires et d'autres interrogations ont surgi. Quel serait l'axe d'une modélisation qui refléterait la multidimensionnalité de la démonstration informatisée? Comment pourrait-on réunir dans une description unitaire les aspects liés à la logique de la démonstration, à la forme et à la signification des messages, à la forme physique des signaux, aux changements d'état des objets-support, aux processus psychologiques individuels, à la résonance et à la dynamique du dialogue, à la mécanique des gestes, à l'équilibre des volontés et à la négociation de la décision?

Les deux problèmes, qui m'obsèdent depuis bien des années, ne sont pas indépendants. Ils forment un système qui réclame une solution globale. L'image du phénomène des démonstrations informatisées aurait dû être obtenue par l'application d'une théorie générale des processus d'explication. Mais cette théorie fait défaut et j'ai essayé de la suggérer par une argumentation implicite, intuitive et inductive, par exemplification. L'exercice de modélisation des démonstrations informatisées m'intéressait autant par son objet que par son esprit: d'une part il devait produire un nouveau modèle, d'autre part il devait montrer en action une vision sur le processus de l'explication, de laquelle pourrait émerger une nouvelle science.

Mon plan était de présenter un discours distribué sur deux pistes: celle de l'étude du cas particulier et celle des considérations sur le processus explicatif en général. Je voulais donner une certaine autonomie aux deux pistes, mais aussi profiter de leur parallélisme pour faire des références illuminantes dans les deux sens. Le sommaire proposée initialement pour la thèse exprime bien mes intentions:

Partie 1: Introduction

Partie 2: Vers une description des démonstrations informatisées: tour d'horizon

Partie 3: Une description des démonstrations informatisées

Chapitre 3.1: La procédure

Chapitre 3.2: La présentation d'une procédure ; conférence et composition

Chapitre 3.3: L'exploitation d'une présentation ; assistance et exploration

Chapitre 3.4: La coopération démonstrative et l'exploration coopérative d'une présentation

Chapitre 3.5 Polymorphisme, adaptation, métamorphose, évolution et pédagogie

Partie 4: Vers une description du processus explicatif - le roman d'une recherche

Chapitre 4.1: Observations provenant de la participation

Chapitre 4.2: Observations provenant de la lecture

Chapitre 4.3: Observations provenant de la méditation sur le processus explicatif

Chapitre 4.4: Observations provenant de la méditation sur les démonstrations informatisées

Chapitre 4.5: Observations provenues de la rédaction de la thèse

Partie 5: Une synthèse sur le processus explicatif et sa description

Chapitre 5.2: Un processus , des étapes et des sous- processus relativement séparables

Chapitre 5.3: Un univers de contextes , de causes , de buts et de problèmes

Chapitre 5.4: Un système de filtres d'analyse et un spectre complexe d'aspects

Chapitre 5.5: Formules de synthèse , jeux des paradigmes et pluridisciplinarité

Chapitre 5.6: Le niveau de complexité de la modélisation de l'explication

Chapitre 5.1: Un système, des acteurs et des sous-systèmes relativement séparables

Partie 6: Conclusion

J'ai présenté ici la première version du sommaire pour ceux qui voudraient saisir le sens de mon évolution pendant la dernière étape de modélisation. Bien que les préoccupations et le nombre total des chapitres soit presque les mêmes, le mécanisme de mon discours est changée. Dans le projet initial, les chapitres 3 et 5, dédiés à la démonstration informatisée, respectivement au processus de l'explication, étaient les pôles centraux. Le chapitre 4, le roman de ma recherche, devait expliquer mes démarches entremêles entre le deux pistes d'action et par conséquence, mettre en évidence les liens entre les deux pôles de ma description. Les chapitres 1, 2 et 6 avaient des rôles auxiliaires.

Dans le discours actuel, le chapitre 4 sur le récit de pratique est devenu le fil conducteur. Dans la partie A de la thèse, le récit est dominant. Il naît, en déposant des idées sur les bords de la rivière narrative, de fragments qui complètent progressivement une première image sur le phénomène de l'explication. La partie B, penchée sur la démonstration informatisée, hérite du chapitre 3 du plan initial mais s'éloigne de sa structure, car elle mise toujours sur le récit comme moyen de description. Ce n'est que dans les chapitres B7 et C8 que j'ai eu recours à des descriptions impersonnelles, pour honorer partiellement la promesse de fournir un nouveau modèle et une nouvelle application pour les démonstrations informatisées. Enfin, l'étude générale de l'explication a évolué, du chapitre 5 projeté vers l'actuelle partie C, reprenant la forme initiale d'une série d'essais, accompagnée d'un récit de modélisation qui explique leur genèse (C!, C4 et C7).

Mais pourquoi le petit roman de recherche qui devait être le chapitre 4 a envahi toute la thèse tandis que les chapitres dédiés aux modèles se sont rétrécis? Il y avait une contradiction entre mon désir de refléter la complexité du sujet et celui de me faire comprendre facilement. L'idée d'accompagner les cartes systémiques par la modélisation d'un étude de cas ne semblait pas résoudre le problème. J'ai médité et j'ai réalisé que la seule façon d'expliquer mon aventure intellectuelle, était de la raconter! Sans la narration je ne pouvais pas aider le lecteur qui aurait voulu se synchroniser avec moi pour regarder l'explication avec mon regard, pour raisonner avec moi et extraire ainsi ce qu'il trouverait intéressant dans mes raisonnements. Ce n'était que la narration qui me permettait de relever mes intentions, mes observations et mes intuitions. Elle me permettait aussi de lier les démarches hybrides que ma recherche a comporté. Elle était la seule suffisamment fluide pour combler les trous de mes " modèles " avec les bourgeons d'une réponses ou d'une question .... Il me restait la tâche d'utiliser ce vieux instrument de description, pour composer une image cohérente.

Cette décision m'a obligé à réorganiser tout le matériel et de revoir les priorités. J'ai réduit la place de la modélisation des démonstrations informatisées, en préférant livrer, dans la partie B, une explication détaillée de mes démarches de développement. Le chapitre C8 contient seulement quelques extraits du l'ensemble de modèles que j'ai construit et que j'ai l'intention de raffiner et d'appliquer en pratique, en développant des TaxiNet et des NOVEX. L'autre piste à continuer est la modélisation du processus de l'explication, dans le cadre d'une discipline pour laquelle le chapitre C9 dresse un programme. Ainsi je suis parvenu à la forme actuelle de cette thèse qui se veut un rapport sur l'arrivée ... dans un point de départ !